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Les promesses du Festival d’Avignon 2018

par Véronique Giraud
Olivier Py dans son rôle de présentateur de la 72e édition du Festival d'Avignon, sur la scène du Théâtre Chaillot à Paris. ©Giraud/NAJA
Olivier Py dans son rôle de présentateur de la 72e édition du Festival d'Avignon, sur la scène du Théâtre Chaillot à Paris. ©Giraud/NAJA
Arts vivants Théâtre Publié le 10/04/2018
Olivier Py aime raconter. Pour donner corps aux spectacles programmés au Festival d'Avignon, il agite un fil rouge qui parcourt la société et préoccupe autant les citoyens que les dramaturges. En 2018, il est question du genre…

Après avoir été l’ovni théâtral que Jean Vilar lançait loin du cosmos parisien il y a soixante-dix ans, le Festival d’Avignon est devenu l’endroit où le théâtre public du XXIe siècle peut affronter les extrêmes. Entre la démesure de la Cour d’honneur, où se jouent les grandes formes que peu de salles pourront accueillir, les pièces au long cours, les créations des plus grands metteurs en scène du moment, d’ici et d’ailleurs… Les dramaturges s’emparent à leur manière de ce que le monde a de plus effrayant et de plus utopique et, depuis les années Py, chaque édition se teinte ouvertement d’un grand thème qui traverse nos sociétés. Après la place des femmes, la question (très voisine) du genre est annoncée comme un dénominateur commun, ou presque, à l'ensemble des spectacles au programme de l'édition 2018, du 6 au 24 juillet.

 

Des classiques du genre. Avec Molière et Racine, Sénèque, Eschyle et Sophocle, les classiques font leur réapparition, tandis que de nouveaux auteurs inspirent à leur tour. Parmi eux, le néerlandais Louis Couperus, le portugais Miguel Fragata dont la pièce pour enfants ouvrira cette 72e édition, l’auteur russe Ivan Viripaev, dont Ovni sera adaptée par le collectif marseillais Ildi ! Eldi.
Retour de grandes pointures internationales, comme le souligne Olivier Py. Ivo van Hove revient, après avoir fait sensation en adaptant Les Damnés, avec Les choses qui passent, une autre histoire de famille. Le lithuanien Oscars Korsunovas a choisi d'affronter Molière avec son Tartiufas. Quant au suisse Milo Rau il poursuit son Histoire(s) du théâtre avec La reprise.
A trente-cinq ans, Thomas Jolly s’est déjà plié à tous les grands exercices d’Avignon : la Cour d’honneur avec Henry VI, les grands formats (8h), les séries du jardin Ceccano, l’accompagnement des étudiants de l’ENSAD. Cette année, le metteur en scène ouvre les soirées dans la Cour d’honneur en adaptant Thyeste de Sénèque. La représentation du 10 juillet sera retransmise en direct sur France 2. Autre figure ayant marqué le festival, Julien Gosselin opte lui aussi pour la tragédie, cette fois avec huit heures d’une trilogie américaine adaptée de trois romans de Don DeLillo.

 

La différence comme art. Du Moyen-Orient, trois metteurs en scène scrutent la question de la femme pour la hisser sur un plateau. Après Hearing en 2016, l’iranien Amir Reza Koohestani présente Summerless. Le libanais Ali Chahrou avait dressé deux magnifiques portraits, Fatmeh et Leïla se meurt, il achève sa trilogie avec May he rise and smell the fragrance. Abdoullah Miniawy lancera Le Cri du Caire, tandis qu'après The Last Supper, Ahmed El Attar dessine avec Mama un portrait sans concession de la mère égyptienne.
"Et pourquoi moi je dois parler comme toi ?" La question sous-tend une discrimination d'un autre genre. Anouk Grinberg en témoigne, aux côtés de Nicolas Repas, avec la poésie d’une littérature "brut", comme on désigne la production de créateurs marginalisés par la psychiatrie.

 

Un feuilleton signé David Bobée. Olivier Py choisit lui aussi le ton de la tragédie en créant Pur Présent, composé de trois tragédies de cinquante minutes. Il présentera également Antigone, spectacle qu'il a créé en 2017 avec des détenus du centre pénitentiaire du Pontet (Vaucluse).

Que David Bobée soit acteur de cette édition allait de soi. Avec le fil rouge du genre, le metteur en scène et directeur du CDN de Rouen fera refléter l'engagement qu'il mène contre les discriminations dans le feuilleton conté chaque jour à midi dans le jardin Ceccano, intitulé Mesdames, messieurs et le reste du monde. L'un des épisodes sera consacré à l'artiste russe Kyrill Serebrennikov, une occasion de s’emparer de la cruauté de la politique quand elle se fait censure et qu’elle emprisonne artistes et penseurs.

Les lanceurs d’alerte ne sont pas oubliés non plus avec Pale blue Dot, une histoire de WikiLeaks qui fera découvrir le jeune metteur en scène Étienne Gaudillère, et Arctique pour lequel Anne-Cécile Vandalem revient à Avignon après s’être documentée sur l'inquiétante transformation du Groënland.

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