espace abonné Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous

Mot de passe oublié ?
ACCUEIL > Événement > Visa pour l’image donne à voir « ce que l’on a pas envie de voir »

Visa pour l’image donne à voir « ce que l’on a pas envie de voir »

par Laura Coll
Catalina Martin-Chico/Cosmos. Laureate du prix canon de la femme photojournaliste 2017
Catalina Martin-Chico/Cosmos. Laureate du prix canon de la femme photojournaliste 2017
Conférence de Presse Visa pour l'image 2018 ,Paris
Conférence de Presse Visa pour l'image 2018 ,Paris
Arts visuels Photographie Publié le 17/05/2018
Le festival de photojournalisme Visa Pour l'image fêtera ses 30 ans cette année et aura lieu du 1er au 16 septembre à Perpignan. Le 15 mai au Carreau du Temple à Paris, les acteurs de la manifestation se sont exprimés sur l'essence du Festival et ont annoncé l'avant-programme.

Crée en 1989 par Roger Thérond, le festival Visa pour l’image qui se tient chaque année dans la ville de Perpignan, est devenu la référence du photojournalisme. La manifestation aura lieu du 1er au 16 septembre, fêtant par la même occasion ses 30 ans. Présentant le programme, le 15 mai dernier au Carreau du Temple à Paris, les organisateurs ont donné le ton : migrations, conflits, minorités, problèmes environnementaux, en bref les désordres en tous genres qui secouent notre planète mobilisent sur le terrain les reporters. Cette année, 25 expositions seront proposées en entrée libre et gratuite. Du 17 au 21 septembre les portes resteront ouvertes pour les groupes scolaires en vue de visiter les expositions commentées par des acteurs du monde de la photo. En 2017, pas moins de 11 000 élèves (étudiants, collégiens et lycéens) de toutes la France mais aussi d’Espagne avaient ainsi profité de ces expositions.

 

La liberté de la presse en régression. Jean Paul Griolet, président de l’association Visa pour l’image a évoqué un beau succès « quel succès ! qui l’aurait cru en 1989 ! » malgré une liberté de presse de plus en plus complexe « photojournaliste, un métier de plus en plus difficile ». Dans un rapport publié en avril par Reporters sans frontières (RSF), la liberté de la presse s’est encore dégradée dans le monde l’an dernier, dans la continuité de l’année 2016. Selon l’ONG, « La haine du journalisme menace les démocraties ». Jean-Marc Pujol, maire de la cité catalane qui soutient le festival depuis ses débuts a quant à lui souligné : « l’émergence de Visa pour l’image, c’est le travail qui a été fait autour de ce fil conducteur. L’internationalité c’est la colonne vertébrale. Je crois qu’on est dans un monde aujourd’hui où il faut montrer ce qu’on a pas forcément envie de voir ». Pour Emmanuel Stock, sponsor Canon, le photojournalisme c’est capturer la vraie vie, « raconter des histoires du monde et les partager avec le plus grand nombre» . Pour lui, le partenariat de Canon avec Visa pour l’image ne se réduit pas à cela, mais fait partie de son ADN.

 

Écologie, santé, conflits et réfugiés. Les expositions photographiques s’articuleront autour de trois axes majeurs : les minorités, les guerres et conflits, l’écologie et la santé. Pour sensibiliser aux problèmes environnementaux et sanitaires Gaël Turine exposera Rivières blessées avec ses clichés de Dhaka, l’une des villes les plus saturées au monde, encerclée de 5 rivières poubelles. Avec Big food, Georges Steinmetz interroge sur la malbouffe et les conséquences sur notre santé. Le titre de l’exposition d’Andréa Bruce prête quant à elle à sourire de prime abord mais soulève un réel problème, celui de l’absence de toilettes dans certaines villes du monde. Un petit coin nous parle de défécation en plein air et d’assainissement, ainsi que des conséquences sur l’hygiène et la santé. Samuel Bollendorff présentera Contaminations, une série de clichés sur un fleuve du Brésil contaminé sur 650 km.

L’immigration et les conflits sont aussi au cœur de cette 30e édition. Véronique de Viguerie donnera à voir Yémen : la guerre qu’on nous cache, une guerre dont les médias parlent peu. Avec les fourmis rouges, le photographe James Oatway met en lumière une redoutable unité chargée d’expulser les résidents ne parvenant pas à payer leur loyer en Afrique du Sud. L’exposition de Catalina Martin-Chico, (lauréate du prix Canon de la femme photojournaliste 2017) porte bien son nom Colombie : (Re)naître narre l’histoire de femmes colombiennes, contraintes d’avorter ou d’abandonner leur enfants durant la guérilla des FARC.

Plusieurs photojournalistes ont également suivi le parcours de vie de migrants et réfugiés. C’est le cas d’Olivier Jobard, qui a photographié un jeune Afghan sur le chemin de l’exil durant 8 ans et présente Ghorban, né un jour qui n’existe pas. Paula Bronstein raconte l’histoire d’un peuple rejeté avec Apatrides, abandonnés et rejetés : la crise des Rohingyas. Kévin Frayer raconte lui aussi l’exode des Rohingyas avec sa série photographique Voyages du désespoir. Les conditions de vie des mineurs de Potosí est mise en exergue par Miquel Dewever Plana. Avec Bolivie : tout pour l’argent de Potosí, le photojournaliste évoque la chaleur, la poussière, les vapeurs d’arsenic et le manque d’oxygène vécues au quotidien par les mineurs Boliviens. Enfin, Jonathan Torgovnik expose Les otages du centre de Johannesburg, clichés de migrants qui ont trouvé refuge dans les bâtiments abandonnés de la ville…

 

Remise de prix. Le festival proposera également des remises de prix et concours tels que le World Press Photo, concours de référence du photojournalisme mondial. Les directeurs photo du jury 2018 désigneront le lauréat du prix de la ville de Perpignan Rémi Ochlik. Enfin, comme chaque année, sera remis le visa d’or humanitaire du comité international de la croix rouge (CICR) qui récompense chaque année une ou un photojournaliste professionnel(le) ayant couvert une problématique avec un conflit armé. Comme l’annonçait Jean-Marc Pujol, cette 30e édition promet de donner à voir ce que l’on a pas envie de voir, abordant des sujets dont on parle peu. Il faudra cependant patienter jusqu’au mois de septembre pour se rendre au festival Visa pour l’image dans la majestueuse cité catalane.

 

Festival Visa pour l’image, 30e édition, du 1er au 16 septembre 2018 à Perpignan. 

 

 

Partager sur
à lire aussi

Jean-François Leroy, « Le désir de témoigner du monde est le plus fort »


Fermer