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« La servante écarlate » réveille les consciences sur les droits des femmes

par Laura Coll
June, interprétée par Elizabeth Moss
June, interprétée par Elizabeth Moss
Des femmes habillées en servantes écarlates protestent contre un projet de loi anti IVG dans l'Ohio
Des femmes habillées en servantes écarlates protestent contre un projet de loi anti IVG dans l'Ohio
Cinéma Série Publié le 13/06/2018
Dans "The Handmaid’s Tale" ( La servante écarlate ), dont la 2e saison est actuellement diffusée sur OCS, les femmes sont privées de leurs droits. Un scénario glaçant qui rappelle que rien n’est jamais acquis.

Le 9 juin dernier au Canada, le programme du G7 était consacré à un débat portant sur les droits des femmes dans le monde. La plateforme internationale Women’s Forum a quant à elle interpellé les gouvernements avec un manifeste appelant à l’action pour l’égalité entre les femmes et les hommes. La fragilité de la condition féminine est justement au cœur de La servante écarlate, et la première leçon que nous apprend la série comme une piqure de rappel, est que les femmes devront toujours se battre pour leur liberté. The Handmaid’s Tale, adaptation du roman éponyme de Margaret Atwood, a été saluée par toute une industrie, recevant pas moins de huit Emmy Awards. Élue meilleure série dramatique aux Golden Globes en 2018, cette série fait froid dans le dos et donne à réfléchir sur notre société, nos libertés, nos croyances, la moralité et les fondements de l’humanité.

Les femmes déchues de leurs droits. La servante écarlate narre un futur dystopique, plus ou moins proche, où la religion domine la politique dans une coalition totalitaire. Dans ce futur, la pollution et les déchets toxiques de l’atmosphère ont entrainé une baisse de la fertilité, donnant lieu à un taux de natalité très bas. Les Etats-Unis sont devenus Gilead, un territoire répressif dirigé par les hommes, loin de la technologie et de la modernité. Un État où les femmes sont déchues de leurs droits civiques et cantonnées à la procréation et l’éducation. Dans cette société totalitaire et phallocrate, elles sont divisées en quatre classes : Les épouses, femmes des dirigeants, les Marthas qui entretiennent la maison, les Tantes qui s’attèlent à former les servantes, enfin les servantes, dédiées à la reproduction des élites et soumises à des viols ritualisés. Les autres femmes, trop âgées ou infertiles, sont déportées dans les colonies, sorte de camps de concentration ou de bagne, où elles manipulent des déchets toxiques.

 

Excision, maltraitance et mutilations. L’héroïne, June, rebaptisée DeFred en signe de son appartenance au commandant Fred Waterford, est l’une de ces servantes. Esclave sexuelle, elle doit se soumettre à une « cérémonie » destinée à la reproduction, en réalité un viol organisé et légalisé. Pour ne pas sombrer dans la folie et ne pas oublier qui elle est, June, merveilleusement interprétée par Elizabeth Moss, se remémore son ancienne vie, son mari Luke et leur fille Hannah, qui lui a été arrachée. Cette prophétie cauchemardesque donne à voir des actes barbares sous couvert de moralité et de religion, tels que l’excision d’une servante homosexuelle pour « trahison à son genre » ou l’interdiction de lire ou d’écrire sous peine d’une main coupée. The Handmaid’s Tale nous rappelle ainsi qu’encore aujourd’hui, dans certains endroits de la planète, des femmes n’ont aucun droit et sont réduites à leur seul statut procréateur et matriarcal, n’ont pas le droit de lire ou de s’exprimer, À l'instar des servantes écarlates.

 

« Rien que l’humanité n’ait pas déjà fait ailleurs ». Si The Handmaid’s Tale dénonce notamment le patriarcat et l’extrémisme religieux, le miroir que nous tend l’auteure canadienne du roman publié en 1985 n’a rien de surréaliste. Dans un article publié en 2012 dans le Guardian, Margaret Atwood écrivait au sujet de son roman culte : « Je m’étais fixé une règle : je n’inclurais rien que l’humanité n’ait pas déjà fait ailleurs ou à une autre époque (…) Je ne voulais pas me voir accusée de sombres inventions tordues, ou d’exagérer l’aptitude humaine à se comporter de façon déplorable »

 

Les femmes manifestent en servantes écarlates. Depuis la sortie de la série événement en 2017, plusieurs groupes d’activistes féministes symboliquement grimées en servantes écarlates ont exprimé aux Etats-Unis leur désaccord face aux restrictions au droit à l’avortement. En juin 2017, une douzaine de femmes vêtues de longues capes rouges et de coiffes blanches à l’instar de la série, sont venues au siège du congrès de l’Ohio afin de protester en silence contre la proposition de loi SB 145, loi anti-IVG. Les manifestations de servantes se sont multipliées aux Etats-Unis, au Texas ou dans le Missouri. Un mouvement de protestation qui fait irrémédiablement écho à cette série dans laquelle les femmes ont perdu leur statut de citoyenne comme leur droit à disposer de leur corps, plaçant The Handmaid’s Tale en symbole féministe contre la politique mise en place par Donald Trump.

 

La Servante écarlate, série créée par Bruce Miller, saison 2 en cours de diffusion sur Orange Cinéma Séries (OCS)

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