espace abonné Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous

Mot de passe oublié ?
ACCUEIL > Oeuvre > Avec les mots de Don DeLillo, Julien Gosselin crée une épopée du terrorisme

Avec les mots de Don DeLillo, Julien Gosselin crée une épopée du terrorisme

par Véronique Giraud
La scène de la FabricA, transformée par Julien Gosselin pour résonner des mots de trois livres de Don DeLillo, JOUEURS, MAO II, LES NOMS. Un spectacle marathon de dix heures qui marque le 72e Festival d Avignon. © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
La scène de la FabricA, transformée par Julien Gosselin pour résonner des mots de trois livres de Don DeLillo, JOUEURS, MAO II, LES NOMS. Un spectacle marathon de dix heures qui marque le 72e Festival d Avignon. © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
Arts vivants Théâtre Publié le 15/07/2018
Quelle est la place du réel dans un monde où l’information est devenue la plus grande des fictions ? "Dans ses livres, Don DeLillo pose la question de la terreur comme point presque maximal de fictionnalisation du monde" évalue Julien Gosselin. C’est avec trois de ses livres, "Joueurs", "Mao II", "Les noms", que le metteur en scène crée à Avignon un nouveau spectacle marathon où les mots font violence.

Après l’écrivain français Michel Houellebecq, le chilien Roberto Bolaño, Julien Gosselin s’est emparé des mots de l’Américain Don DeLillo comme matériau scénique du spectacle de dix heures qu’il crée à Avignon. Si le théâtre est son mode d’expression, la littérature passionne le jeune metteur en scène. Il embarque son équipe de comédiens exceptionnels dans un nouveau défi de la représentation du lien entre littérature et théâtre, cette fois en prenant appui sur trois romans de l’écrivain américain, Joueurs, Mao II, Les noms. Gosselin réunit, sur la scène théâtrale et sur écran, une écriture qui pratique une anatomie individuelle des violences qui ont secoué le monde depuis la seconde moitié du XXe siècle. Les trois romans ont en commun la violence du monde et le terrorisme comme expression ultime du héros. Les univers décrits sont très éloignés les uns des autres : Joueurs traverse la vie d'un couple d’intellectuels new-yorkais dont le mari va basculer dans le terrorisme. Mao II fait apparaître un écrivain qui vit retiré du monde, souffrant de ce que le terroriste a pris la place du romancier dans l’imaginaire des sociétés contemporaines, et plonge dans le terrorisme des années 70 au Liban. Dans Les noms, il est question d’une secte qui tue des gens au Moyen-Orient sur la base de leurs initiales et de l’alphabet.
Tout au long du spectacle, se déverse en continu un flot de dialogues, plongeant le spectateur dans l’écoute concentrée. Les corps des comédiens servent puissamment la violence et ses mots, tout en produisant sur l’écran une animalité cinématographique.

 

Quand l'écran produit le théâtre. La scène est entièrement fermée par un immense rideau sur lequel est suspendu un écran de cinéma. Derrière le rideau, on devine, avant de voir, que la pièce se joue devant la caméra. Pendant dix heures, sans interruption, les comédiens font vivre les pages de Joueurs, Mao II, Les noms. Ce n’est qu’une demi-heure avant la fin que la scène s'ouvre entièrement au théâtre. Entre temps, le jeu filmé partagera la place avec le théâtre, visible à travers la transparence d’une immense baie vitrée. La scène ne sera alors plus que partiellement fermée, le rideau ouvert sur une moitié. Elle est découpée par des parois perpendiculaires, toujours transparentes, qui laissent voir les allées-venues des comédiens dans cet espace fictif tandis que l’écran offre un cadre cinématographique à leurs visages et à leurs mouvements. Ce lien/opposition théâtre/cinéma offre une vision passionnante et troublante de l’art en train de se faire tout en construisant sa propre image. Un processus qui sert au plus près l’écriture volubile et imagée de Don DeLillo.

 

Les joueurs, Mao II, Les noms à la FabricA, création pour le 72e Festival d Avignon, les 7, 8, 9 11, 12, 13 juillet à 15h. Texte de Don DeLillo. Adaptation et mise en scene Julien Gosselin, scénographie Hubert Colas, lumiere Nicolas Joubert, vidéo Jeremie Bernaert, Pierre Martin, musique Remi Alexandre, Guillaume Bachele, Maxence Vandevelde, son Julien Feryn. Avec Remi Alexandre, Guillaume Bachele, Adama Diop, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Antoine Ferron, Noemie Gantier, Carine Goron, Alexandre Lecroc Lecerf, Frederic Leidgens, Caroline Mounier, Victoria Quesnel, Maxence Vandevelde.

Partager sur
Fermer