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Avignon Off : « Maelström » fait entendre Vera, 14 ans, sourde et révoltée

par Véronique Giraud
"Maelström" de Fabrice Melqiot a été créé au Festival Off d'Avignon par la compagnie Rivage avec la comédienne Marion Lambert. DR
Arts vivants Théâtre Publié le 23/07/2018
Fabrice Melquiot a écrit un texte à une voix, celle de Vera, 14 ans, qui n'entend pas mais veut se faire entendre. Dans une mise en scène ingénieuse, la comédienne Marion Lambert donne son énergie gracile à ses mots, à ses maux. "Maelström" est une de ces expériences qui mettent à mal le préjugé.

Un casque est donné à chaque spectateur afin qu'il s’immerge dans l’univers sonore de Vera, une adolescente de 14 ans qui n’entend pas. Eva (Marion Lambert) attend, assise sur un banc, dans ce qui semble être un arrêt de bus. Le public a les oreilles emplies des bruits de voix et de circulation de la ville, comme le sont les oreilles de Vera quand elles sont équipées de ses implants cochléaires. La voix de Vera se fait entendre. Pleine de colère, de dépit, de rancœur. « Personne ne me voit. Ne sait rien de moi. Ne m’entend pas ». Le spectateur lui l’entend, avec les mots de Fabrice Melquiot qui font résonner de manière abrupte l’intime de l’adolescence, la souffrance d’être délaissée par son amour, celle l'absence d'un père, les répliques acerbes qui maintiennent un semblant de relation avec la mère, le sentiment de l’incompréhension de tous de son handicap. Mais ils font aussi résonner l’assurance d’exister, de penser à sa façon, d’entendre à sa façon, son envie de se battre malgré tout. Ces mots sont magnifiquement joués et exprimés par la comédienne Marion Lambert. Elle donne à Vera sa frêle silhouette, sa musculature de boxeuse, sa voix au mille intonations, son débit à la vitesse de mitraillette, et parvient à nous subjuguer de tout ce qu’une adolescente n’exprimera jamais, ses pensées les plus profondes à chaque moment de la vie. Entre force violente et fragilité blessée. Il en résulte un moment d’intimité qui force la porte du préjugé pour s’appliquer à entendre l’autre.
La mise en scène de Pascale Daniel-Lacombe souligne le handicap, en rendant visible l’écran entre Véra et le monde, concrétisé par une vitre de verre derrière laquelle la comédienne va et vient avec nervosité, s’assoit et se lève, cogne et souffle. Le dispositif scénique, amarré sur des rails, donne un mouvement à l’arrêt de bus qui devient maison, ou la rue. Cette rue où elle court, s’essouffle, pour suivre l’ambulance qui emmène une voisine, une femme qu’elle ne connaît pas mais pour qui elle ressent le besoin irrépressible de donner amour et réconfort.

 

 

Maelström, texte Fabrice Melquiot (éd. Arche), mise en scène Pascale Daniel-Lacombe, avec Marion Lambert. Du 6 au 24 juillet au Parvis d'Avignon, 35 rue Paul Saïn, Avignon. Tournée : du 15 au 20 octobre 2018 : Scène Nationale La Garance, Cavaillon. Du 28 novembre au 2 décembre 2018 : Théâtre Am Stram Gram, Genève. Du 7 au 9 décembre 2018 : Théâtre de Gascogne, Mont de Marsan. Du 13 au 15 décembre 2018 : Saint Jean de Luz / St Pée sur Nivelle. Les 24 et 25 janvier 2019 : La Maison du Théâtre de Brest. Du 28 au 31 janvier 2019 : Scène Nationale Niort Le Moulin du Roc. Les 6 et 7 février 2019 : Scène de Territoire de Bressuire. Les 11 et 12 février 2019 : Agora Billère. Du 25 au 27 mars 2019 : Erdres et Gesvres - Hors Saisons. Du 27 au 30 mars 2019 : Festival Petits et Grands, Nantes. Du 1er au 5 avril 2019 : Scène Nationale Le Tangram - Festival Dédales Évreux.

 

 

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